Levée de boucliers contre l’appel d’offres Carte Blanche

Publié le 17/09/2015

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L’appel à candidatures pour le renouvellement du réseau optique Carte Blanche a ouvert le 15 septembre, pour se clôturer le 15 octobre. Le nouveau conventionnement intègre l’offre « Carte Blanche – Prysme », sans reste à charge mais garantissant des produits de qualité, avec des montures proposées par… la plateforme elle-même. Présentée comme une “innovation” par Carte Blanche, cette méthode déclenche un énorme tollé au sein de la profession.

 

Carte Blanche Partenaires a créé une centrale d’achat (baptisée CBP, créée sur un modèle associatif) qui fournira aux opticiens partenaires la collection 1796 (marque propriétaire) composée de 36 modèles (dont 12 labellisés Origine France Garantie, fabriqués dans le Jura et l’Ain) et développée sous la houlette de Robert-Claude Régé-Turo (famille Régé). Selon Carte Blanche, 120 personnes travailleront pour ce projet l’année prochaine, dont 40 créations d’emploi. Côté verriers, ce sont Essilor, Zeiss et Nikon qui fourniront les verres délivrés dans le cadre de l’offre Prysme (qui démarrera en magasin le 1er juillet 2016). Pour un équipement vendu, l’opticien se verra rémunéré sur la base de forfaits allant de 100 à 550 €.

 

« L’offre répond au fonctionnement habituel des opticiens »

Pour Jean-François Tripodi, directeur général de Carte Blanche Partenaires, l’offre Prysme répond au fonctionnement habituel des opticiens, qui achètent des collections de montures à des centrales d’achat. Il indique que la marge sur la collection 1796 sera identique à leur marge habituelle pour des montures (pour un modèle Origine France Garantie avec un prix de vente plafond pour les opticiens de 140 euros, la marge sera de 60%), que les frais de port seront offerts, qu’aucune contrainte de volume minimal ne sera imposée et que des avantages financiers seront accordés par les partenaires verriers. La collection devra être obligatoirement achetée par les opticiens dans le cadre du référencement et proposée aux bénéficiaires Carte Blanche, mais pourra être vendue à l’ensemble des clients. Par ailleurs, chaque opticien pourra passer par sa centrale habituelle si celle-ci a référencé les verres pour proposer l’offre « Carte Blanche – Prysme ». « Les centrales existantes garderont les avantages de leurs accords avec les verriers, l’acheteur final pourra choisir une autre marque avec un reste à charge ou choisir une monture 1796 sans l’offre Prysme. La marque sera une marque distribuée parmi d’autres chez les opticiens », tente de rassurer Jean-François Tripodi, qui estime que cette offre devrait représenter 20% des achats d’équipements optique effectués au sein du réseau. Selon Carte Blanche, 8 000 opticiens adhéreront aux services de la Centrale CBP, mais pour ne pas prendre de risque financier, celle-ci se base sur une commande ferme pour 6 000 opticiens (300 000 montures ont été commandées).

 

Déferlement de protestations

Dès l’ouverture de l’appel à candidatures et l’annonce de l’offre Prysme, les critiques sont allées bon train sur les réseaux sociaux, particulièrement sur Facebook, au sein des groupes « Les opticiens ne sont pas des pigeons ! » et « Tu sais que tu es opticien ou en optique quand… ». Un grand nombre d’opticiens s’insurgent contre ce qu’ils estiment être une véritable ingérence dans leur métier et critiquent vertement le fait d’être obligés d’acheter 36 pièces de la collection 1796 (environ 1600 €) pour pouvoir être référencés. Certains n’y voient qu’un premier pas vers une mainmise de plus en plus importante des réseaux de soins sur le secteur, pronostiquant avec ironie que les plateformes fabriqueront bientôt leurs propres verres et ouvriront leurs propres magasins. Beaucoup incitent leurs confrères à ne pas signer la convention et une communauté baptisée « NON à Carte Blanche », déjà likée 17 septembre par 500 personnes, a même été créée sur Facebook : ceux qui la rejoignent « affirment leur opposition aux nouvelles exigences de ce réseau de soins et confirment qu’ils ne signeront pas son conventionnement ! ».

 

Les fabricants pris à partie, démenti de Roussilhe

Dans ce concert de protestations contre Carte Blanche, des voix s’élèvent aussi contre les fabricants des montures 1796, des opticiens menaçant notamment d’annuler des commandes. Roussilhe, qui avait été cité comme l’un d’eux, a fermement démenti. Dans un communiqué, il explique avoir été sollicité par Carte Blanche mais « ne pas faire partie de l’aventure » et se dit « très surpris » d’avoir été cité comme fabricant de cette collection. « La chose étant dite et vu le déferlement de mauvaise humeur faisant suite à cette ‘coquille’, allons-nous pour autant recevoir un tonnerre d’applaudissements ? », questionnent les dirigeants du lunetiers, en invitant les opticiens « qui veulent rester libres de leurs choix » à venir leur rendre visite au Silmo. L’Amy tient à préciser de son côté que Boby Régé n’a pas de lien juridique ou capitalistique avec la société Régé, absorbée par il y a plusieurs années.

 

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Deux niveaux de référencement

Parallèlement à l’offre Prysme, le nouveau conventionnement Carte Blanche met en place, à côté de l’adhésion « classique », un référencement Premium pour les opticiens se conformant à un cahier des charges spécifique en termes de compétences, de formation et d’équipement du magasin. Les assurés seront orientés vers ces opticiens pour la délivrance des verres personnalisés, qui seront fournis par Essilor et Zeiss. Pour l’opticien Premium, une bonification de 10€ par verre délivré sera appliquée (sans modification du reste à charge pour l’assuré). Ce référencement Premium reposera sur des éléments déclarés par les opticiens, qui seront contrôlés régulièrement par l’Afnor.

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