RAC 0 en optique : les fabricants s’inquiètent des risques sanitaires et tirent la sonnette d’alarme

Publié le 03/04/2018

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Le Gifo (Groupement des industriels et fabricants de l’optique) craint que la réforme visant à mettre en place le reste à charge zéro dans notre secteur conduise à des équipements low cost et à un accès aux soins plus complexe à coût constant pour les patients.

 

Soulignant que le reste à charge est un faux problème dans le cas de l’optique, les fabricants évoquent dans un communiqué plusieurs risques liés au projet RAC 0 tel qu’il se dessine aujourd’hui : « des produits de moindre qualité et d’origine moins facilement traçable, une catégorisation arbitraire en équipements uniformes malgré des besoins pluriels, des délais de renouvellement plus longs qui ne prennent pas en compte l’évolution de la vue ; le tout sans gain de pouvoir d’achat pour le consommateur. »

 

Le Gifo s’alarme devant les mesures envisagées qui s’annoncent, selon lui, contre-productives :

  • La création d’un panier de soins composé de verres et de montures de lunettes dont les prix de vente seront limités va mécaniquement appeler la vente de produits de moindre qualité, approvisionnés depuis des fabricants « low cost », dont le respect des normes sanitaires et des performances techniques ne pourra pas être systématiquement contrôlé.
  • Le projet de repousser de deux à trois ans le droit au renouvellement des lunettes, sans baisse de des cotisations, est en totale contradiction avec la réalité d’un équipement porté au quotidien tout au long de la journée par un patient qui peut l’user, l’abimer ou le casser et dont le trouble visuel peut évoluer très rapidement dans ce laps de temps (évolution de la correction, apparition d’un nouveau défaut visuel).
  • La standardisation des produits, à travers la mise en place d’une « nomenclature », exclut de la prise en charge des matériaux aujourd’hui communément utilisés – notamment pour la sécurité des enfants – et privilégie l’uniformisation au détriment de la multiplicité des besoins de chacun, quitte à imposer au patient des verres plus coûteux et offrant un confort visuel moindre car inadaptés à ses besoins spécifiques.
  • L’obligation de se rendre chez l’ophtalmologiste pour faire « objectiver » la dégradation de sa vue et ainsi pouvoir acquérir un nouvel équipement adapté va alimenter davantage l’engorgement des cabinets d’ophtalmologie. Les opticiens s’étaient pourtant vu reconnaître le droit, sous certaines conditions, d’adapter la prescription par une mention expresse sur l’ordonnance, afin de permettre aux ophtalmologistes de libérer du temps médical consacré aux pathologies plus graves.
  • La baisse annoncée des plafonds du remboursement dont bénéficient les assurés aura là encore pour conséquence directe la vente de produits à bas prix et de moindre qualité pour un même montant de cotisations.

 

« Notre système de soins (dispositifs CMU-C et ACS) et le marché lui-même (distribution, organismes complémentaires, réseaux de soins) offrent aux Français la possibilité d’acquérir des lunettes sans reste à charge. La France est le pays d’Europe où le reste à charge des patients qui acquièrent une paire de lunettes est le plus faible », souligne le Gifo. Il déplore que « les objectifs initiaux de la réforme se perdent dans des logiques de transferts financiers au détriment de la santé visuelle, pendant que la concertation laisse de côté les sujets clé de l’accès aux soins optiques que sont la prévention, le dépistage précoce, l’accès à l’ophtalmologiste, l’information des assurés et bénéficiaires sociaux sur leurs droits ou encore la lutte contre les produits non conformes ». Les fabricants appellent ainsi « à sortir des logiques purement comptables et normatives et à remettre au cœur de la concertation les attentes de près 70% de Français qui ont besoin de lunettes pour bien voir ».

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