Ludovic Mathieu, DG d’Essilor France : « Dans l’année qui vient, il n’y a aucun changement à attendre »

Publié le 17/01/2017

Partager :

Interrogé par l’OL [MAG], le patron d’Essilor France prend la parole sur les conséquences dans l’Hexagone de la fusion entre le verrier et Luxottica.

 

Quel regard portez-vous sur cette opération et quelles ont été les premières réactions ?

Dans l’ensemble, les réactions sont très positives : deux pures-players de l’optique décident d’unir leurs forces pour développer le marché et y investir. C’est une très bonne nouvelle pour notre filière quand, dans beaucoup d’autres secteurs, la tendance est plutôt au désengagement. Chacune des sociétés porte l’innovation dans son ADN et cette opération va créer de la valeur. La mutualisation des moyens va permettre d’améliorer la catégorie montures, la catégorie verres, le mix produits, de toucher plus efficacement les consommateurs… Il faut aussi souligner que la première motivation de cette union est de permettre à chacun dans le monde de bénéficier d’un accès à une bonne vision : sur les 4,5 milliards de personnes qui doivent corriger leur vue, seules 2 milliards sont aujourd’hui équipées. Sans compter les 7 milliards de personnes qui ont besoin de protéger leurs yeux , contre le soleil, les UV et la lumière bleue. Ce rapprochement aidera à insuffler la dynamique nécessaire à l’échelle internationale pour mieux répondre à tous ces besoins. C’est un enjeu de responsabilité.

 

Concrètement, à quoi les opticiens français peuvent-ils s’attendre ?

L’accord qui a été signé n’est que le point de départ d’un long parcours qui devrait aboutir dans plusieurs mois. Dans l’année qui vient, il n’y a aucun changement à attendre. Les deux sociétés restent indépendantes. Luxottica ne va pas « s’essiloriser » et Essilor ne va pas se « luxottiser ». Il est normal que les opticiens se posent des questions, mais il n’y a aucune raison de penser qu’on sera demain différents d’aujourd’hui. Les équipes d’Essilor France ne vont pas changer de priorités, la première étant de réussir 2017.

 

On parle déjà d’offres packagées, de lunettes connectées…

Ce n’est que quand le rapprochement sera effectif, à partir du second semestre 2017, qu’un comité d’intégration sera installé pour commencer à étudier les synergies de croissance concrètes à mettre en place. Il est donc trop tôt pour se prononcer sur ces questions. Ce qu’il faut retenir aujourd’hui, c’est que deux sociétés réputées pour leurs grandes capacités d’innovation vont s’unir pour proposer des solutions nouvelles dédiées à la santé visuelle, à l’amélioration et à la protection de la vue.  C’est un gage de confiance pour l’avenir. Dans notre filière, nul doute que le plus beau reste à découvrir et à inventer et ce rapprochement est probablement le meilleur moyen pour y parvenir. Il s’agira de nouveaux produits, de nouveaux services, de nouvelles expériences consommateurs… Tout cela sera élaboré dans la droite ligne de la longue histoire d’Essilor et de Luxottica. Pour se développer,  comme ces dernières décennies, en complément de leur savoir-faire, les opticiens ont besoin de solutions optiques innovantes et performantes, ce que ce rapprochement leur garantit.

 

Au vu des positions respectives d’Essilor et de Luxottica sur le marché, les autorités de la concurrence ne risquent-elles pas de voir cette opération d’un mauvais œil ?

Nous sommes deux sociétés complémentaires qui opèrent à des niveaux différents de la chaine de valeur. En réalité, au niveau mondial, sur un marché qui représente 95 milliards d’euros, Essilor ne pèse qu’une petite partie. Même en additionnant Luxottica, cela reste petit comparé aux besoins en correction et en protection visuelles à l’échelle planétaire.

Newsletter

Créez votre compte et recevez la newsletter quotidienne de L’OL [MAG]

S’inscrire

Écoles