Les ophtalmologistes misent sur l’exercice en multi-sites pour réduire les délais d’attente

Publié le 10/05/2019

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Pour renforcer l’accès aux soins, le syndicat national des ophtalmologistes (Snof) souhaite développer ce mode d’organisation plébiscité par les praticiens, en synergies avec les délégations de tâches.

Selon un recensement effectué par la Drees, la France comptait 10 480 sites d’exercice ophtalmologique au 1er janvier 2018 pour un total de 5 900 médecins, ce qui représente une augmentation de 22 % depuis 2013. Selon une enquête réalisée par le Snof*, 8 % des ophtalmologistes interviennent aujourd’hui dans des cabinets secondaires, contre 1 % seulement en maison de santé. Ce chiffre est amené à progresser : si les conditions étaient favorables, 25 % de la profession seraient intéressés par l’ouverture d’un cabinet secondaire et 19 % se disent prêts à reprendre un cabinet existant sans successeur pour y ouvrir une antenne secondaire. « Cela permettrait d’élargir l’offre de consultation et l’accès aux soins oculaires de première ligne dans les zones sous-dotées. L’avenir de la profession est d’exercer de manière de moins en moins isolée et plus mobile au service des patients. Selon une étude de la Drees de 2017, les jeunes ophtalmologistes s’installent à 80 % dans des cabinets de groupe, les plus aptes à proposer un exercice en multi-sites », explique le Snof.

Le syndicat souhaite assurer une offre satisfaisante sur les 242 aires urbaines de plus de 15 000 habitants, qui regroupent 83 % de la population, en y adaptant les moyens en matériels et en personnels paramédicaux (orthoptistes dans le cadre de cabinets aidés). En dehors de ces zones, les sites secondaires permettraient de subvenir aux besoins complémentaires. Pour renforcer l’efficacité de cette solution, le Snof mise sur les nouveaux protocoles organisationnels à distance, dont plusieurs sont en cours de finalisation pour permettre la prise en charge d’une partie des patients en télémédecine avec examen sur place par des orthoptistes (renouvellement de lunettes, glaucome, dépistage de la rétinopathie diabétique…). Les patients n’entrant pas dans ces protocoles seront vus par des ophtalmologistes qui viendront certains jours sur ces sites secondaires.

Le développement de l’exercice en multi-sites subit cependant plusieurs freins : autorisation obligatoire du Conseil de l’Ordre, absence d’aide financière, impossibilité de se faire remplacer sur le site principal… Dans ce contexte, le Snof demande aux pouvoirs publics d’assouplir les conditions d’ouverture de sites secondaires. « Par exemple : se limiter à une déclaration administrative simple au Conseil de l’Ordre, ouvrir les aides conventionnelles en zones sous-dotées, permettre l’utilisation du contrat de coopération collectif pour les soins visuels (réservé pour l’instant aux maisons de santé et aux centres de santé), pouvoir se faire remplacer lorsqu’on intervient sur un site secondaire. Il est aussi urgent de redéfinir le décret sur la télé-expertise pour la reconnaître dans le droit commun entre médecins et paramédicaux », souligne le Snof. « Alors que la démographie des ophtalmologistes reprend des couleurs, que les délégations de tâches font leurs preuves avec des résultats tangibles en matière de délais d’attente, des efforts doivent être faits pour accélérer l’exercice multi-sites. C’est de cette manière que nous atteindrons le zéro délai pour tous en 2022 », insiste son président, Thierry Bour.

*Enquête réalisée du 1er janvier au 7 mai auprès de 2 543 ophtalmologistes adhérents du Snof, avec un taux de réponse de 62 %.

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