La Fnof veut un repositionnement du 100 % santé et la suppression du présentoir dédié en magasin

Publié le 10/03/2021

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Dans une lettre aux adhérents, Alain Gerbel, président de la Fnof, revient sur les récentes attaques contre la profession, accusée de freiner sciemment le développement du 100 % santé en optique. Il plaide également en faveur de la prescription des équipements optiques en primo-délivrance par les opticiens pour les porteurs de 16 à 42 ans.

 

Les opticiens ont été récemment mis en cause dans le faible recours au panier A, qui se monte, selon le directeur de la Sécurité sociale Franck von Lennep, à 14 % pour les verres et à 12 % pour les montures optiques. Ils sont accusés de ne pas mettre suffisamment en avant l’offre sans reste à charge, voire de la dénigrer. Face à cette situation, la DGCCRF mène toute une série de contrôles dans les magasins (ainsi que dans les centres d’audioprothèse). « 700 contrôles vont être diligentés sur le territoire ; c’est du jamais vu pour notre profession », déclare Alain Gerbel, en ajoutant que « les opticiens ne doivent pas être tenus pour responsables du mauvais démarrage du 100 % santé en optique ». Pour le président de la Fnof, les faibles résultats de la réforme sont notamment dus au fait que « l’offre est mal positionnée, ne correspond pas à un réel besoin, que toutes les mesures qui avaient fait le succès de la CMU en optique ont été supprimées ». Il rappelle que la Fnof a toujours alerté le ministère de la Santé sur ce point, et n’a d’ailleurs pas signé le protocole fixant les modalités de la réforme. Alain Gerbel doute également de la pertinence de l’expression « 100 % santé » et pointe du doigt le manque de communication de l’Etat sur la mise en œuvre du dispositif.

 

Le présentoir 100 % santé est une mesure « avilissante pour les opticiens »

Estimant que, de toute façon, « une communication sur un dispositif mal positionné n’aura pas de grands effets », il plaide pour un repositionnement urgent du panier de soins optiques et la suppression de l’obligation d’avoir un présentoir pour les lunettes du panier A.  « C’est une mesure insultante pour les opticiens et stigmatisante pour le consommateur. Car le gros problème du 100 % en général est qu’il est perçu comme une mesure à caractère social, bas de gamme, et non pas comme une mesure à caractère national accessible à tous. » Lors d’une récente rencontre avec Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publique, le président du syndicat a rappelé que l’objectif de la réforme était de lutter contre le renoncement à l’équipement qui, affirme-t-il, n’est pas dû au prix (1 million de lunettes CMU sont délivrées chaque année sur un total de 13 millions), mais aux délais chez les ophtalmologistes, qu’il accuse de reléguer les rendez-vous CMU au second plan.

 

« La télémédecine transforme l’opticien en presse-boutons servile »

Ainsi, pour Alain Gerbel, les opticiens doivent pouvoir prescrire les équipements en primo-délivrance pour toutes les personnes âgées de 16 à 42 ans afin de régler les problèmes d’accès aux soins. Il exprime en parallèle son opposition à la télémédecine dans les magasins d’optique, défendue par certaines enseignes : « comment avilir l’opticien, le transformer en presse-boutons servile et être certain de pouvoir lui vendre tout un arsenal de services et ainsi faire prospérer l’enseigne ? Aucune de ces dispositions ne permet l’émancipation et l’exercice libéral de l’opticien. » Dans ce contexte, le président de la Fnof voit se dessiner deux professions au sein du métier : le commerçant et le professionnel de santé. « Alors, ou bien la profession réagit et se donne les moyens nécessaires pour que ce clivage disparaisse ou du moins ne s’accentue pas, ou bien elle accepte cette situation et dans ces conditions il faut dès maintenant définir ces deux exercices. Je pense qu’il y a urgence à régler ce problème. Non pas parce que bientôt des fabricants seront propriétaires de magasins, mais simplement parce si on ne met pas de l’ordre et si on ne prend pas les mesures, les pouvoirs publics, sous la pression des consommateurs, pourraient réagir de manière violente », avertit-il. Rappelant qu’une ordonnance de 2017 sur la reconnaissance partielle des exercices professionnels autorise, par exemple, un opticien allemand titulaire d’un diplôme bac+5 et dont l’exercice est reconnu dans son pays, à revendiquer l’exercice partiel de l’ophtalmologie en France, il invite les prescripteurs à « discuter sérieusement, sans arrière-pensée, du statut de l’opticien de demain et de la prescription par les opticiens en primo délivrance », qui serait soumise à deux conditions cumulatives : « une formation significative, minimum bac+5, et un exercice reconnu dans son pays d’origine ». Selon Alain Gerbel, « il sera très difficile aux ophtalmologistes de bloquer cette possibilité offerte » et « les pouvoirs publics aujourd’hui en sont conscients ».

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