L’émission Enquête de santé dézingue les lunettes de marque et vante le 100 % santé

Publié le 24/03/2022

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Mardi 22 mars sur France 5, le magazine Enquête de santé diffusait un documentaire intitulé « Se soigner moins cher, arnaques et bonnes affaires ». Une partie de ce reportage est consacrée au 100 % santé en optique, qu’il met largement en avant, pointant en parallèle du doigt les produits du panier B.

 

Les journalistes d’Enquête de santé se sont rendus dans trois magasins d’optique, pour constater que les opticiens ne proposent pas systématiquement le 100 % santé, ne le font que sur insistance du client et dissuadent ce dernier d’opter pour des produits du panier A en soulignant leur faible qualité et l’absence de certains traitements. (« C’est la lunette Sécu d’il y a 30 ans », résume une de vos consoeurs.) L’équipe de tournage s’est ensuite rendue au centre Critt Sport Loisirs à Châtellerault, où un expert a testé à l’aveugle une paire 100 % santé à 105 euros et une autre du marché libre à 438 euros. L’ingénieur a conclu que les verres des deux paires étaient de qualité comparable en matière de traitements, mais que ceux du panier B étaient plus fragiles (tout simplement peut-être parce que leur indice était plus élevé, ce qui n’est bien sûr pas précisé dans le reportage).

 

En ce qui concerne les montures, celle du 100 % santé s’est montrée beaucoup plus résistante. Ce résultat comporte cependant plusieurs biais : la solidité n’est pas le seul critère de la qualité d’un modèle (un design fin, léger et esthétique, sera en effet plus fragile) et la torsion infligée aux lunettes du panier B, qui a mené à leur casse, ne correspond pas à un usage normal. L’expert en a malgré tout déduit que la paire de marque « ne vaut pas grand-chose », en précisant que « ça ne vaut pas le coup de dépenser plusieurs centaines d’euros si c’est pour avoir quelque chose qui dure moins longtemps que le 100 % santé ». Le documentaire précise certes que ce test n’a pas de valeur statistique, mais affirme tout de même que « payer ses lunettes très cher n’est pas un gage de qualité » et que les « lunettes 100 % santé correspondent selon la plupart des spécialistes aux besoins d’une très large majorité de Français ».

 

Une démarche résolument à charge d’Enquête de santé

Les journalistes sont allés à la rencontre de Hugues Verdier-Davioud, représentant et futur président de la Fnof (Fédération nationale des opticiens de France). Interrogé sur les raisons qui pousseraient la profession à ne pas proposer le 100 % santé, il a répondu que cela risquerait d’engendrer une perte de « 20 % de chiffre d’affaires » pour les magasins d’optique et que jusqu’à 4 000 d’entre eux pourraient disparaître, ce qui pénaliserait l’accès aux soins en France. Pour démonter cet argument, dans une approche visiblement à charge, l’équipe de tournage a mis en avant le magasin parisien Droit de regard, qui ne vend que des lunettes dans le panier A. Le responsable du point de vente explique que ce modèle économique repose sur des produits reçus prêts à livrer d’Asie, sans intermédiaire. Décidemment bien orienté, le commentaire ajoute que beaucoup de lunettes de marque sont elles aussi fabriquées en Asie.

Le débat qui a suivi le reportage fut à l’avenant. Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe de 60 millions de consommateurs, a souligné, comme déjà fait il y a quelques mois, que les opticiens dénigrent le 100 % santé notamment pour ses lacunes en termes de traitements des verres. Mais « la question c’est : ai-je vraiment besoin d’un traitement anti-lumière bleue ? D’un point de vue scientifique, c’est pas forcément démontré », a-t-elle assuré, suivie par Marianick Lambert, représentante de France Assos Santé, qui a affirmé que ce traitement ne concerne que les porteurs « ayant une pathologie de Gougerot ».  C’est, bien sûr, faire fi des nombreuses études qui montrent les effets délétères de la lumière bleue nocive sur la vision…

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